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La promotion de la physique aryenne

En 1935, les physiciens ont célébré la rebaptisation de l'institut de physique «Philipp-Lenard» à Heidelberg. Cet événement a marqué le début des tentatives d'éviction des théoriciens modernes de leurs postes. Dans son discours, lors des festivités, Lenard a appelé au soutien accru à la physique aryenne, et il s'est plaint du fait que la physique «juive» avait toujours la possibilité de publier dans les revues et journaux [44]. Par la suite, il a gagné l'appui de Alfred Rosenberg, qui était le chef de file du parti national-socialiste. Rosenberg lui a confié la désignation d'un conseiller scientifique pour la rédaction du «Völkischer Beobachter», l'organe du parti. La conséquence fut une série d'articles dans ce journal attaquant la physique dogmatique5.1 personnifiée par Werner Heisenberg et Arnold Sommerfeld (cf. [60]). Par exemple Stark décrivit [43] :


\begin{otherlanguage*}{german} \textsl{Nun, Einstein ist heute aus Deutschland
v...
...lischen, auch der theoretischen Lehrstühle beraten lassen.}
\end{otherlanguage*}

Malgré le danger d'une intervention politique, les trois physiciens Heisenberg, Max Wien5.2 et Hans Geiger5.3 rédigèrent un mémoire qui fut signé par 75 personnes. Ils demandaient l'achèvement de l'altercation entre les deux partis, et déploraient le manque d'étudiants en physique, le manque de relève scientifique et les difficultés croissantes rencontrées lors de nominations académiques. En outre, ils ont condamné les attaques contre la physique théorique, en faisant remarquer que cela exerçait une influence négative sur le prestige de l'Allemagne à l'étranger [9].

Par la suite, de tels articles (comme celui dans [60]) ne furent plus publiés, et donc les physiciens aryens eurent besoin d'un nouveau porte-parole.

Le «Reichserziehungsministerium» (REM) a été fondé en 1934 avec la mission d'administrer les sciences. Cette institution était très bureaucratique et ses responsables s'opposaient aux changements radicaux en s'engageant en général pour le maintien des valeurs de tradition morales dans le domaine de la science. Le REM se chargeait d'attribuer les chaires académiques à des savants qualifiés et jugeait les candidats par leurs compétences professionnelles. Par contre, concernant le jugement de la fiabilité politique, c'était le «Nationalsozialistischer Dozentenbund» qui s'en occupait. Son dirigeant, Walter Schultze a défini le rôle de sa fédération de la manière suivante [9] :


\begin{otherlanguage*}{german}\textsl{Der Nationalsozialistische Deutsche Dozent...
...rch den Neubau von Hochschule und
Wissenschaft zu sichern.}
\end{otherlanguage*}
Par conséquent plusieurs physiciens aryens se sont engagés par la suite dans le «Dozentenbund», et l'ont utilisé comme plate-forme pour leur campagne.

Arnold Sommerfeld était professeur en physique théorique à Munich et atteignit en 1935 l'âge de sa mise à la retraite. Pour garantir la tradition, Sommerfeld désirait avoir son ancien élève, Heisenberg, comme successeur. Face à l'opposition du «Dozentenbund» son élection fut empêché. Comme solution transitoire, Sommerfeld garda la place quelques temps.

En 1937, Philipp Lenard fêta son 75e anniversaire et devint membre du parti national-socialiste. À l'occasion des festivités, ses partisans prirent un nouveau départ pour la politisation de l'enseignement supérieur en se tournant vers la «Schutzstaffel» (SS)5.4. En juillet 1937, Stark publia un article concernant les «Weisse Juden in der Wissenschaft» dans la revue de l'SS «Das schwarze Korps»[45] . Avec l'expression «juifs blancs», il qualifiait quelqu'un ayant les propriétés que les promoteurs de la physique aryenne classaient comme étant «juives», i.e. les représentants d'une physique dogmatique. Dans le deuxième passage de l'article, il parle de la dictature de la relativité générale («la théorie grise») et il fait une attaque de front contre Heisenberg. Il lui reproche d'avoir publié des articles sympathisant à propos d'Einstein et d'avoir engagé des juifs dans son institut. Dans l'avant-dernier paragraphe de ce passage, on lit :


\begin{otherlanguage*}{german} \textsl{Heisenberg ist
nur ein Beispiel für manch...
...eben, die ebenso verschwinden
müssen wie die Juden selbst.}
\end{otherlanguage*}
Heisenberg demanda immédiatement à Himmler une vérification de ces accusations graves contre lui et exigea le rétablissement de son honneur. Mais il dut attendre longtemps pour obtenir une prise de position. Vu sa situation délicate exposé précédemment, il a pensé à démissionner ou même à émigrer. Après les interventions de quelques sommités5.5 et amis auprès des responsables de la SS, il reçut la réponse de Himmler, après une année [46] :

\begin{otherlanguage*}{german} \textsl{Ich habe, gerade weil Sie mir durch meine...
...rbunden habe, dass ein
weiterer Angriff gegen Sie erfolgt.}
\end{otherlanguage*}



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Christian 2002-07-07