La tentative désespérée de Lenard de maintenir l'ether comme
modèle de base de la physique n'est pas surprenante, car il était
élément constitutif essentiel d'une compréhension mécaniste de
notre monde chez les physiciens aryens. Avec le refus de la
mécanique quantique et de la relativité, c'était le seul outil
restant pour essayer d'expliquer les phénomènes physiques. L'ether
est le milieu dans lequel se propagent les ondes
électromagnétiques. Lenard a défini le «Uräther» qui remplit
l'univers tout entier et qui est uniforme loin de l'énergie. Comme
échappatoire à la fameuse expérience de Michelson et
Morley4.4, il a introduit un ether individuel attaché à
chaque partie de la matière, tant particule ou que tant planète,
la matière amène toujours
son propre ether... ([37], tome 4)
En plus de la garantie d'une image mécaniste du monde, l'ether avait une signification toute différente ([37], tome 1) :
Lenard parle ici d'un indéterminisme de la cognition scientifique dû à l'insuffisance de l'intellect humain. La précision quantitative de l'exploration de la nature est limitée par l'homme dans le modèle de l'ether, tandis que dans la théorie de la mécanique quantique c'est le processus de la mesure4.5qui la limite.
Quant à «l'expérimentalisme» de la physique aryenne, il existe un parallèle intéressant avec un mouvement avec lequel elle a peu en commun : la théorie de l'évolution «renouvelant» (emergent4.6), qui se distingua à la fin des années vingt. Cette théorie admettait un univers qui confrontait constamment ses êtres avec des nouveaux phénomènes qu'il s'agissait de découvrir. Le seul chemin qui pouvait conduire à l'entendement de la nature était l'observation et l'expérience. Théorie et définition ne servaient pas à grande chose sous ses conditions. La physique aryenne n'était donc pas le premier groupement qui a désigné l'expérience comme sa maxime.