Après la découverte de la fission nucléaire, les théoriciens
entourant Werner Heisenberg à Berlin étaient en tête de la
recherche atomique. Mais ce groupe n'a jamais été intéressé à
industrialiser la fission. Leurs expériences utilisaient de l'eau
lourde comme modérateur, et l'usine qui le produisait fut
bombardée par les Alliés. En plus, la stratégie de guerre éclaire
de Hitler l'empêchait, au début, de donner naissance à un
programme pour la
construction de la bombe atomique.
En 1944, après que la guerre s'est transformée en une guerre de
position et que Göring et Goebbels eurent réalisé la supériorité
des Alliés, on retira les scientifiques du front. Mais il était
déjà trop tard : uniquement 2000 des 6000 scientifiques
allemands ont retournèrent aux laboratoires [52].
L'aide aux scientifiques par le ministère de la guerre avait un effet secondaire agréable. Les physiciens devaient simplement déclarer leurs projets utiles pour la guerre et se voyaient ainsi attribué moyens et collaborateurs. Max von Laue6.2 écrivait 1946 à ce sujet [9] :
La coopération au nom de la guerre leur procurait finalement une indépendance face au système politique.
Par l'importance de la recherche atomique, les opposants de Heisenberg ont dû complètement arrêter leurs attaques contre celui-ci pour ne pas tomber en discrédit en donnant l'impression de travailler contre la guerre. Même le REM révisa son attitude et permit ainsi la nomination de Heisenberg à la chaire de professeur de physique théorique au Kaiser-Wilhelm-Institut à l'université de Berlin en 1942 [9] :
Sous cet état de choses les adhérents à la physique aryenne n'avaient plus aucune chance de se faire entendre. Déjà au congrès à Seefeld en 1942, ils n'avaient plus rien à opposer aux débats concernant la relativité et la mécanique quantique. Lenard fêtait son 80e anniversaire cette même année et constatait en 1943 [30] :
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